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Un Voyage en Palestine, Emotion à long terme…

Un Voyage en Palestine, Emotion à long terme…

Parti pour un voyage gastronomique, « Semaine de la gastronomie française à Jérusalem et en Palestine », l’expérience restera mémorable en tous points de vue, entre cuisine « sauvage » ou « déglinguée », loin de nos cuisines si bien ordonnées et nickel chrome… Mais quels partages ! Que d’émotions pures et sincères au pays où rien n’est facile et où finalement le vivre- Ensemble est en réelle et permanente contradiction, où le respect de chacun existe et n’existe pas…

Mais c’est d’Hébron dont je souhaite parler, car c’est là que j’ai eu les larmes aux yeux, et le fait d’y repenser à nouveau… elles sont toujours là… ne dois-je qu’en parler pour me vider l’esprit, de cris, de tristesses et de colères… Vieille ville, soumise au déclin, envahie par le colon, celui- là même protégé par le soldat… dégradation humaine… loin de la religion… si près de la politique… Mais je n’ai pas encore assez bien compris tout ça pour en parler davantage…

C’est de sentiments dont je veux parler et rien d’autre…

Prenez une rue de marché, entre petites courgettes, petits concombres magnifiques et zaatar frais ou encore camomille en fleurs… les pitas sont cuites au moment dans une effervescence étourdissante d’odeurs et de dialogues… la joie est palpable en ces moments, mais si éphémère sans doute… mais la route des parfums nous mène rapidement vers les ruelles de l’enfer et des corridors armés jusqu’aux dents… barbelés et barrières d’une invasion effective et programmée. Ces ruelles sont propres, aux pavés lissés par le temps. Les jus de grenade sont pressés au moment, et on vous offre à chaque échoppe un thé infusé de sauge ou un café à la cardamome, épais et brûlant… comme un chocolat chaud… Le soleil a peine à se faire une place mais il entre malgré tout pour imposer sa lumière presque divine… en tout cas utile aux sourires attristés par le manque de touristes qui ont déserté désormais… Porcelaines aux éclats bleutés, keffieh colorés, fromages de chèvres secs, cabanes à épices, sirop de mélasse et de raisins et le petit vieux qui met en boîte ces loukoums faits le matin même dans une belle cuve en cuivre… quelle magie sublime et excitante… On monte sur un toit, des cuves d’eau sont percées d’un coup de tournevis ou d’un coup de fusil, venus des colons. Le cimetière est si proche, mais il faut faire des dizaines de kilomètres pour pouvoir l’atteindre par des chemins permis !!! Mais jamais sûrs… les corridors sont par dizaines et les check points aussi… on sent comme une lourdeur passée et à venir… mon cœur palpite… nous sommes à découvert… tout peut arriver !!! De retour dans la rue, les grillages au dessus des rues empêchent partiellement les colons de jeter poubelles et gravats… mais à tout moment un seau de pisses encore chaudes peut vous tomber dessus… certaines maisons sont encerclées et vivent l’enfer… d’autres n’ont plus de portes car murées… les enfants entrent par l’échelle accolée à une fenêtre… et la mamie quelle galère… mais ils ne lâcheront pas… ils sont chez eux pour le pire et que le pire… Une autre rue commerçante est déserte, toutes portes fermées… une autre est condamnée par une grille, envahie de mauvaises herbes, à jamais oubliée… Nous passons un check point pour visiter la mosquée et la synagogue, unique bâtiment mais coupé en deux et gardé par des soldats, qui ont besoin de parler, presque une envie de se confier, de partager leurs peurs et leurs devoirs, leurs pensées et leurs cœurs divisés entre sentiments d’êtres humains et obligations militaires. Dans la rue, des enfants courent, tentent de vous vendre un bracelet au nom de la Palestine, ils sont beaux et attachants, vous seriez prêts à tout pour eux si vous viviez là… les larmes sont proches car vous êtes saisis par la pensée de ce qu’ils peuvent vivre au quotidien… les prendre dans vos bras ne suffira pas… Un soldat parle très bien français, il veut discuter, je ressens sa tristesse d’être là pour un combat sans limite et sans cohérence aucunes. Il sait ce que les journalistes écrivent et montrent, toujours le soldat qui tue et qui protège l’oppresseur, mais ils oublient de montrer sa vie au quotidien, les liens qu’il noue avec l’oppressé, les moments qu’il passe avec lui, les gestes simples de la vie, des gamelles partagées, et toute la colère née de frustrations et d’ordres que l’on ne comprend pas, que l’on ne cautionne pas, mais que l’on doit exécuter…

Il est temps de partir, pour ne pas craquer…

Mais si je n’étais pas venu ici, je n’aurais rien vu, je n’aurais pas vu la vérité, j’aurais cuisiné sans comprendre, sans vivre ce qu’il fallait vraiment vivre… je serais passé à côté, c’est sûr… Ici, la liberté a un tout autre sens et l’être humain naît dans une cage sans porte…

L’histoire est lourde, l’avenir aussi…

Y retourner ? Oui, bien entendu et sans réfléchir ! On peut toujours y apporter quelque chose, continuer à partager, se donner toutes les chances de s’investir pour les autres… En fait, je comprends mieux pourquoi certaines personnes partent au bout du monde pour des causes humanitaires ! On ne peut en revenir sans séquelles, mais on est habité par les moments que l’on a passés ailleurs, à jamais.

Et ça donne à réfléchir, à modifier peut-être sa manière de penser…

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